Comment naît le feutre ?
Faire du feutre, un geste ancestral
« Faire du feutre, c’est faire advenir une matière. »
Ce court film (3’28) montre l’apparition progressive du feutre : un travail manuel, physique, lent, précis, où douceur et énergie se mêlent.
Tout un corps engagé dans la transformation de la fibre de laine en matière textile.
Le feutre de laine, matière singulière et vivante
LAINE + EAU CHAUDE + SAVON DE MARSEILLE + MANIPULATIONS + TEMPS = FEUTRE
Le feutre de laine artisanal n’est
ni de la laine bouillie,
ni de la feutrine,
ni un feutre industriel.
C’est un textile non tissé, obtenu à partir de fibres naturelles d’origine animale,
qui s’agglomèrent de façon indélébile et irréversible
au cours du processus de fabrication.
Je façonne ce matériau en France, au cœur de mon atelier.
Selon les fibres utilisées et les techniques employées,
le feutre varie entre :
• souplesse et rigidité,
• légèreté et densité,
• transparence et opacité,
• rusticité et raffinement.
Je le décline en une multitude de textures, motifs, formes et couleurs,
comme autant de langages de la matière.
Le feutre est un textile durable, renouvelable et biodégradable.
Il possède des qualités physiques remarquables :
• excellente isolation thermique et acoustique,
• antistatique, anallergique, auto-extinguible,
• régulateur hygrométrique et absorbeur de polluants.
Ses propriétés uniques contribuent à créer des espaces intérieurs sains et confortables.
C’est une matière noble,
alliant esthétisme, fonctionnalité et bien-être.
Pourtant, son immense potentiel reste encore méconnu et sous-exploité,
alors qu’il répond pleinement aux enjeux contemporains du vêtement,
de l’objet et de l’espace habitable.
Un terrain de jeu infini
Selon les fibres et les techniques utilisées, le feutre peut être :
• souple ou rigide,
• léger ou dense,
• transparent ou opaque,
• brut ou raffiné.
Cette matière offre une liberté de création immense,
du vêtement aérien, fluide comme un souffle,
aux formes sculpturales les plus denses.
Les possibilités esthétiques sont illimitées :
du 2D au 3D, du jeu de texture au travail de volume,
le feutre ouvre un champ d’expérimentations exaltantes,
parfois même addictives, tant pour l’artiste que pour les participant·e·s d’un atelier.
Pour approfondir
Une alchimie simple et millénaire
LAINE + EAU CHAUDE + SAVON DE MARSEILLE + MANIPULATIONS + TEMPS = FEUTRE
Le feutre de laine artisanal, ce n’est :
• ni de la laine bouillie,
• ni de la feutrine,
• ni du feutre industriel.
C’est un textile non tissé, né de fibres naturelles d’origine animale,
qui s’agglomèrent de manière indéfectible et irréversible
au cours d’un processus lent, physique et précis.
Ce que révèle la fibre
La fibre de laine est unique :
elle seule possède cette capacité naturelle à feutrer.
Vue au microscope, elle ressemble à un cheveu :
un tube couvert d’écailles, abritant en son cœur une moelle de kératine.
C’est cette kératine qui, sous l’effet de l’eau chaude et savonneuse (environnement alcalin),
réagit et transforme la matière.
Les écailles se soulèvent, les fibres s’accrochent entre elles,
et peu à peu, au fil des mouvements de friction manuelle,
le feutre apparaît.
Un textile ancestral
Le feutre est considéré comme le plus ancien textile au monde.
Il serait né il y a 6 000 à 7 000 ans, en Sibérie,
au cours d’un refroidissement climatique.
La légende raconte que pour se protéger du froid,
les hommes entouraient leurs pieds de toisons de mouflons et de lianes.
La marche (frottement) et la transpiration (humidité)
ont naturellement compacté les fibres…
Ainsi serait né le premier feutre.
Aujourd’hui encore, le principe reste le même,
et c’est ce savoir-faire que les feutriers perpétuent.
Le processus artisanal
Tout commence par une laine sèche,
déposée, puis arrosée d’eau chaude savonneuse.
Vient ensuite une succession de gestes :
• massage,
• roulage,
• foulonnage,
• feutrage...
Au fil de ce travail, un rétrécissement naturel s’opère,
variant de 15 à 50 % selon le type et la quantité de laine.
Ce processus demande :
• patience,
• concentration,
• énergie physique.
Il donne naissance à une étoffe solide,
empreinte du temps et du geste.
Le feutre Nuno : hybridations sensibles
Certaines fibres végétales (lin, ortie, ramie, coton…) ou animales (soie, alpaca, cashmere, yak…)
ne peuvent feutrer seules.
Mais combinées à la laine, elles sont imbriquées dans le processus de feutrage,
créant un textile complexe et visuellement riche : le feutre Nuno
(du japonais “nuno” = tissu).
Ce feutre mixte donne naissance à des textures archi-structurées,
de grande valeur esthétique.
